L’impact des actions de conservation sur la biodiversité mondiale

La biodiversité mondiale est confrontée à des déclins importants et continus, avec des conséquences négatives sur le bien-être humain, constituant ainsi l'un des risques les plus pressants pour la société. Pour contrer cette tendance, les gouvernements ont adopté des objectifs visant à lutter contre la perte de biodiversité et ses moteurs.
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Dans un article paru le 15 avril dans la revue Science, des chercheurs ont démontré l’efficacité des actions de conservation de la biodiversité. Penny Langhammer, biologiste à l’Université d’État de l’Arizona et auteure de l’étude, a analysé des centaines d’études et d’expérimentations menées au cours du dernier siècle.

 

En analysant 186 études publiées et 665 essais couvrant plus d’un siècle d’interventions et des échelles spatiales allant du local au continental, les chercheurs ont évalué l’impact de plusieurs types d’interventions de conservation sur la biodiversité. Ces interventions incluent la création et la gestion d’aires protégées, la réduction et la restauration de la perte d’habitat, la gestion durable des écosystèmes, le contrôle de la pollution, l’éradication et le contrôle des espèces exotiques envahissantes, et l’adaptation au changement climatique.

 

Grâce à ces interventions, près des deux tiers des essais montrent une amélioration de l’état de la biodiversité ou ralentissent au moins son déclin. Les interventions visant à éradiquer et à contrôler les espèces exotiques envahissantes se sont révélées particulièrement efficaces, suivies par les actions visant à réduire la perte d’habitat et la dégradation, la gestion durable des écosystèmes, et la création et la gestion d’aires protégées. Langhammer souligne également la nécessité de généraliser ces mesures à une échelle adéquate pour inverser la crise mondiale de la biodiversité.

 

Les méta-analyses adoptent une approche “contre-factuelle“, ce qui signifie qu’elles évaluent l’efficacité d’une intervention en comparant ses résultats dans la zone où elle est mise en œuvre avec une zone témoin. Parmi les différentes actions de conservation évaluées dans l’étude, les politiques d’éradication et de contrôle des espèces invasives ont eu le plus d’impact, en particulier celles menées sur les îles. Ces actions sont suivies par celles visant à réduire la perte ou la dégradation des habitats et par la gestion durable des écosystèmes.

 

Bien que les résultats positifs de certaines actions étaient déjà connus, les chercheurs apportent ici une démonstration à grande échelle qui manquait, souligne Agnès Hallosserie, spécialiste de la biodiversité à l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI). En outre, l’étude fournit une boîte à outils et des arguments pour les États signataires de la Convention sur la diversité biologique, qui ont adopté de nouveaux objectifs en 2022 à Montréal. Cette stratégie mondiale vise non seulement à ralentir le déclin de la biodiversité d’ici la fin de la décennie, mais aussi à inverser cette tendance. Pour atteindre cet objectif, les États se sont engagés à protéger 30 % de la planète et à restaurer 30 % des écosystèmes dégradés d’ici 2030.

 

Cependant, toutes les actions de conservation n’ont pas des effets bénéfiques. Dans environ 20% des études analysées par les chercheurs, elles ont entraîné des conséquences négatives. Par exemple, aux États-Unis, l’application d’herbicides sur des plantes exotiques envahissantes a nui aux herbacées indigènes, et en Inde, l’élimination physique d’algues exotiques envahissantes a entraîné leur propagation et leur établissement dans des endroits où elles étaient absentes. Ces exemples mettent en évidence l’importance de surveiller attentivement les réactions de la biodiversité aux actions de conservation et d’ajuster les mesures en conséquence.

 

Cette étude met également en lumière les lacunes dans la recherche sur la conservation de la biodiversité, notamment le manque d’évaluations des actions visant à contrôler la pollution, à s’adapter au changement climatique, à utiliser durablement les espèces, et à protéger la diversité génétique. Elle souligne également la nécessité d’une augmentation significative des investissements dans la conservation de la biodiversité pour atteindre les objectifs mondiaux.

 

Les auteurs de l’étude soulignent que malgré des investissements annuels dépassant les 121 milliards de dollars dans la conservation de la biodiversité à l’échelle mondiale, aucun des objectifs d’Aichi n’a été pleinement atteint. Pourtant, comme le souligne Agnès Hallosserie dans l’étude, cet investissement représente seulement 0,8 % du PIB mondial, alors que 50% de notre économie dépend directement de la nature.

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